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Essais politiques et littéraires: Bruno Plissken

16 novembre 2015

LETTRE OUVERTE A UN CONFRERE DE GAUCHE

 

Cher Confrère,

Le 11 janvier 2015 tu défilais dans les rues de Paris avec une pancarte « Je suis Charle ». C’était Charlie qu’on attaquait. Ce n’était pas la France. Ce n’étaient même pas les juifs de l’hyper-cacher. C’était le petit monde de Cabu, Reiser, et Cavanna,  les créateurs de cet esprit de dérision que tu aimes tant et avec lequel toi et tes amis se sont complus à dissoudre la France.

C’était une attaque contre la « liberté d’expression »,  celle à laquelle tu tiens tant pour  toi et tes amis, et qui disparaît par miracle lorsqu’il s’agit d’incarcérer un dissident pour un tweet ou lorsqu’une « association », c’est-à-dire une franchise de la police politique, poursuit un Zemmour devant les tribunaux pour délit d’opinion.

C’était bien pratique, l’esprit Charlie. Ca permettait de rester entre soi. Ca permettait d’éviter toute possibilité d’union contre des ennemis qui veulent nous anéantir. Ca permettait de conserver la fiction selon laquelle le vrai danger c’était les « dérives nauséabondes ».  Car si l’on était susceptible de telles dérives, on n’avait pas sa place dans le clan Charlie.

Le 13 novembre cent-trente jeune Français ont été massacrés par les islamistes.  Un léger doute s’est éveillé en toi. Tu ne comprenais pas. Les journalistes de Charlie Hebdo avaient caricaturé Mahomet, celui que, dans ta soif d’œcuménisme, cette soif qui n’est plus là lorsqu’il s’agit d’interdire une crèche de Noël, tu appelles « le prophète Mahomet ». Et les clients de l’hyper cacher, ils étaient juifs. Ce n’est tout de même pas très prudent, d’être juif. Un peu comme de porter une mini-jupe à Kaboul. Mais les jeunes du Bataclan et des terrasses de café, à qui on avait explosé la tête ou qu’on avait saignés comme des moutons, qu’est-ce qu’ils avaient bien pu faire pour mériter ça ?

Alors tu t’es inventé une autre histoire. Il fallait que ce soit toi qu’on attaque. Toi et tes potes. Pas la France, pas ce concept rance, obsolète, raciste, car vers quelles dérives n’irait-on pas si c’était la France, le peuple Français qui étaient attaqués ?

Comme d’habitude, tu t’en es tenu au concept. C’était un crime contre la fête. Contre la musique. Contre le sport. Contre le vivre ensemble. Bref, un crime de lèse-Hidalgo. Un crime conceptuel, dans un monde virtuel.

Tu professes que le savoir n’est qu’idéologie au service de la classe dominante. Quand à chaque fois tu nous explique que c’est toi qu’on assassine, et seulement toi, d’où parles-tu, Camarade ?

Tu n’as que mépris pour la religion chrétienne et défends l’athéisme et la raison. Pour toi, rien de plus dangereux que ces intégristes qui rejettent la théorie de l’évolution. Mais tu refuses de regarder en face les lois élémentaires de la vie. Tu es comme la souris qui s’imagine que le chat la dévore parce que sa patte est blanche. Et qui se dit que la prochaine fois, pour faire plaisir au chat, sa patte sera grise. Mais il n’y aura pas de prochaine fois. Et si le chat dévore la souris, c’est parce qu’elle est une souris. Telle est la loi élémentaire de la vie. Il vaut mieux être un chat qu’une souris. Surtout une souris blessée. Mais toi, depuis quarante ans, tu as tout fait pour nous transformer en un peuple de souris.  

Alors, je te le demande, qui est le pire, du créationniste, ou du lyssenkiste ?

Tu te gargarises de l’ouverture à l’autre mais dès que l’autre en est réellement un, tu ne le comprends plus. Pour toi l’autre c’est quelqu’un de ton milieu, d’accord avec toi sur tout, et qui a le chic d’avoir des « origines » différentes ou une « orientation sexuelle » différente. Là s’arrête ta conception de la diversité.

Pourtant, vendredi soir, tu as eu une bonne leçon de diversité. Mais je doute qu’elle soit retenue. Tu ne comprends pas qu’il y a des gens qui puissent croire en leur religion. Tu ne comprends pas qu’une tribu puisse faire ce que toutes les autres tribus font depuis dix mille ans, partout, c’est-à-dire conquérir  de nouveaux territoires avec son armée, et soumettre par la violence les populations de ces territoires. Tu ne comprends pas que l’autre, contrairement à toi, ne soit pas sorti de l’histoire. Tu es la souris qui ne comprend pas qu’il est dans la nature du chat de la dévorer, incapable de sortir de la superstition selon laquelle c’est parce que sa patte est blanche qu’il la dévore ; ou comme la souris qui fait semblant de croire que le monde n’est peuplé que de souris. Ton culte de l’autre n’est qu’une pause. Rien ne t’est plus étranger que l’altérité. Y compris et surtout celle qui s’étale sous tes pieds, dans le RER.

Tu tentes de te rasséréner en décrétant « ceci est une guerre ». Mais es-tu prêt à la faire ? On fait la guerre pour la gagner. Mais on ne la gagne qu’en étant un plus gros salopard que ceux d’en face. Va demander aux américains qui ont vitrifié Dresde et balancé deux bombes atomiques sur le Japon ce qu’ils en pensent. Ou à Giap. Ou à Massu. Tu ne gagneras aucune guerre en gardant les mains propres. Si l’on commence à éliminer les quelques 10000 salafistes qu’on a fiché, sans sommation, tu seras le premier à signer une pétition dans Libé contre la sale guerre. A jouer les porteurs de valises de l’Etat Islamique. A jouer les Jean-Paul Sartre. Tu connais ? Celui qui a écrit que tuer un homme blanc était un acte libérateur. Ils ont dû le lire, les tueurs de vendredi dernier. Ils nous le ressortiront dans leur prochain communiqué, entre deux versets du Coran. 

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18 janvier 2015

Le roman que Houellebecq aurait dû écrire

Des hommes puissants achèvent le matriarcat en installant l’islam, afin de se constituer un harem personnel de très jeunes filles. Voilà en un mot le thème de ce roman raté qu’est Soumission. Raté car il ne fait qu’effleurer son sujet, à travers les déambulations et les doutes du narrateur, professeur de lettres en fin de course intellectuelle. Rien ne nous sera épargné sur la marque du soda qu’il achète au Relay de la gare de Trifouillis, le numéro du guichet où il fait la queue ou encore celui de son train. Ces notations triviales sont censées constituer un style, leur contenu informatif nul rend l’ouvrage soporifique. En revanche, on aurait aimé en apprendre plus, beaucoup plus, sur les mécanismes d’acceptation par la société française de cet islam à visage européen qui n’est que la toile de fond du roman. Et là, on ne peut que s’étonner que Houellebecq n’ait pas puisé à sa propre source, et notamment dans Extension et les Particules, un matériau qui eût permis de décrire l’implosion du monde invivable – notamment pour les hommes, comme si bien montré dans ces deux livres -- de l’après 1968 au profit d’une idéologie certes aberrante mais fondamentalement viable et qui préserve l’essentiel, soit la stabilité des familles, du tissu social, et du commerce. Toutes choses auxquelles les solvants de gauche s’attaquent sans répit depuis quarante ans, au point qu’il est devenu pratiquement impossible de fonder une famille stable, ni même une entreprise dont la gestion quotidienne ne tourne au cauchemar.

On aurait aimé que Houellebecq nous montre la prise de conscience, par les personnages de ses premiers romans, que la modernité, en les confinant à la lutte quotidienne, ou du moins récurrente, sur un improbable marché du sexe, oblitérait toute possibilité de vie normale. Petit à petit, le narrateur réalise qu’avant c’était différent, ainsi que toujours et partout. Il observe ces femmes voilées avec leurs poussettes pendant que les nôtres se débattent entre carrière, « relations » et partage des tâches. Ces hommes qui ont conquis la rue pour y imposer leur ordre, pendant qu’on trie nos ordures et qu’on débat de nos prochaines « destinations ».  Et qui peuvent compter sur le soutien infaillible de leurs épouses, enfants, cousins, copains… pendant qu’on s’entretue à propos de garde alternée, « violences psychologiques », identité de genre, plafond de verre…

Notre héros finit par comprendre que ces immigrés musulmans vivent de la même façon que le faisaient les français dans les années 50 et 60. Et que ce monde disparu était plus gratifiant pour lui que l’extension du domaine de la lutte. Puis il se rend compte qu’il n’y a personne, en France, pour vouloir le ressusciter, hormis Christine Boutin et ses 0,5 % d’électeurs. Alors, graduellement, il en vient à accepter la mise au rebut de ses propres marqueurs culturels : tenues vestimentaires, art, musique, esprit critique, institutions démocratiques…pour embrasser une religion qui est le meilleur ersatz pour lui de ce monde d’avant, car il en a conservé le socle, même si ce socle est pour ainsi dire inutile car rien de valable ne repose sur lui. Mais que perd-il, puisqu’un peuple qui a aboli ses structures familiales est de toutes façons promis à une disparition rapide ?

15 janvier 2015

Simone de Beauvoir, combien de divisions?

Il y a près de trente ans, j’étais dans une foule compacte, massée près du pont de l’Alma, et qui attendait le feu d’artifice du quatorze juillet. Devant nous, des individus qu’on n’appelait pas encore « jeunes » et encore moins « racailles », manifestaient leur « liesse » (pour reprendre un mot cher à nos médias) en allumant des pétards et en les envoyant gentiment sur la foule. On sentait l’exaspération monter, jusqu’au moment où une jeune femme – une parisienne typique de l’époque, brune, avec son jean, ses bottes et son blouson de cuir – lança ce cri révélateur :

-        Putain, mais il n’y a pas un MEC pour les calmer ?

C’était en 1986  et il n’y avait déjà plus de mecs, du moins parmi les « français de souche », expression qui n’avait pas encore fait fortune. Il faut dire que ça faisait presque vingt ans qu’on leur répétait à tout va qu’ils étaient machos, violents, sexistes et dominateurs. Alors ils n’allaient tout de même pas faire preuve d’autorité. Pour ça, il y         avait déjà Mrs Peel et les anges de Charlie, en attendant Lara Croft et Madame le juge. Mais on ne les a pas beaucoup vues face aux petites racailles de ce feu d’artifice, et encore moins l’autre jour parmi les troupes qui ont donné l’assaut au supermarché de Vincennes.

Trente ans plus tard, il est encore plus dur de trouver un mec. On ne se presse pas au portillon pour intervenir dans les tabassages et les viols du RER, ni pour venger les lycéens poignardés. Le machisme et le sexisme sont confinés à un seul camp. Celui qui, comme par hasard, gagne du terrain.

Que s’est-il donc passé ? Les femmes ont pris le pouvoir, et ont modelé les relations entre les sexes selon leurs préférences. D’où la déréliction de notre tissu social, dissous par le post-modernisme soixante-huitard, incapable de résister aux assauts de l’Islam. C’est que personne ne s’est demandé pourquoi la très vaste majorité des sociétés humaines, en tous temps et en tous lieux, à l’exception de quelques peuplades primitives, étaient patriarcales. Ce qui ne nous a pas empêché, en bons adeptes de la tabula rasa, en bons contempteurs des savoirs inscrits dans la tradition, de mettre en place un matriarcat. On ne change pas une stratégie qui perd.

Adieu le mariage, que le lobby LGBT vient d’enterrer sur un air de carnaval en l’ajoutant à la panoplie de ses mascarades nihilistes, et bonjour la forme familiale préférée par la femelle de l’espèce : la polyandrie rotative. Les jeunes femmes modernes enchaînent donc les « relations » selon leur bon plaisir, d’une durée de quatre à sept ans, et tout l’arsenal social et judiciaire est là pour soutenir ce modèle : crèches, attribution systématique de la garde en cas de divorce, allocation parent isolé, etc. Sans oublier l’avortement presse-bouton.

De ces « relations » naissent parfois des enfants qui n’ont aucune chance de développer une relation normale avec leur père. Celle-ci sera au mieux sporadique, à moins qu’il ne soit relégué au statut inférieur de « père biologique » et remplacé par un « beau-père » en contrat à durée déterminée et donc peu motivé pour s’investir dans des enfants qui ne sont pas les siens.

Ce système rend particulièrement misérable la majorité des hommes, mais ils n’osent s’en plaindre, d’abord parce qu’ils ont été soumis à un dressage intensif, et ensuite parce qu’ils auraient trop peur de faire « tintin » ce soir, à savoir qu’on les prive de leur soma. Mais il convient aux femmes parce qu’elles diversifient l’ADN de leur progéniture et gardent la main haute sur les enfants. Tant que l’homme est contraint par l’impôt et par l’industrie du divorce de payer pour les enfants des autres, ou pour ceux dont on l’a séparé de force, le système survit, alors qu’il se serait déjà effondré dans un état non socialiste.

Mais après avoir brisé le lien entre les pères et les fils, le matriarcat se trouve fort dépourvu maintenant que la bise est venue. Car, face à des mecs déterminés et sans scrupules, et qui peuvent s’appuyer sur un soutien sans faille de leur tribu, Lara Croft se fait désespérément attendre, et certains l’auraient même vue s’enfuir en piaillant, ce qui avait conduit Mme Royal à proposer que les hommes flics raccompagnent les femmes flics le soir chez elles. Parité ou sécurité, il faut choisir.

Il est dangereux de se battre, on y perd parfois la vie. Il faut donc savoir pourquoi on se bat. On ne se bat pas pour les nuits blanches, ni pour Paris-Plage, ni pour le Plug Anal. On se bat pour ses enfants. Et quand on ne sait pas qui ils sont, ou quand la tribu nous empêche de les voir, ou encore quand on n’en a tout simplement pas, on ne se bat pas. Et Lara Croft non plus, parce qu’elle n’est qu’une fiction rêvée par les théoricien-ne-s du genre qui s’ennuient dans leur bureau, au ministère, après avoir été lobotomisé-e-s par des années d’études universitaires. Et quant aux autres femmes, convaincues qu’élever des enfants ça ne vaut pas mieux que de nettoyer les chiottes ; enchaînées à la double journée pour payer leur loyer, on les voit mal prendre à leur charge la sécurité dans les rues (qui se masculinisent de plus en plus, comme c’est étrange, sans doute la faute des beaufs machos).

D’un côté, les générations futures pour lesquelles on conquiert de nouveaux territoires. De l’autre, un être objectifié, un accessoire de mode, balloté entre familles recomposées, et qu’on s’apprête d’ailleurs, pour faire plaisir à M. Bergé, à acheter et à vendre comme de vulgaires paquets de nouille. On ne va pas risquer sa vie pour un paquet de nouille. La vie est trop douce. Autant capituler. 

9 janvier 2015

Manuel du djihadiste en territoire non-A

Quelles sont les chances de survie d’une société frappée de maladie mentale face à des djihadistes cohérents et organisés ? La réponse est dans la question.

D’un côté, une faction qui sait ce qu’elle veut et s’en donne les moyens. De l’autre, une « république » balbutiante, émasculée par ses bons sentiments et crétinisée par ses contradictions.

Si les pensées capables de comprendre le monde et de le dominer reposent sur le principe de non-contradiction, c’est parce que celui-ci s’applique à la réalité concrète qui nous entoure.

Du côté des djihadistes, une idéologie certes primitive et barbare, mais qui a le mérite de respecter les lois élémentaires de la logique.

Le Coran dit que le blasphème est puni de mort. Or Charlie Hebdo a blasphémé. Donc Charlie Hebdo doit mourir. Quand on est capable de formuler un syllogisme, on est capable d’agir. Avec d’autant plus de succès que l’on n’a en face que des zombies post-aristotéliciens qui sont eux incapables de penser logiquement. Et qui ont donc perdu toute possibilité même intellectuelle de se défendre.

La maladie mentale de la République a trois principaux symptômes.

D’abord la contradiction. Les mêmes ministres socialistes qui appellent à se rassembler dimanche au nom de la liberté d’expression lançaient il y a peu des fatwas contre Eric Zemmour, fatwas d’ailleurs suivies d’effets grâce à des médias serviles. Seul un non-A mentalement dégénéré peut à la fois prétendre pourchasser l’  « islamophobie », c’est-à-dire une opinion, et défendre la liberté d’expression. Et si l’islamophobie c’est mal, parce que ça rend malheureuses certaines personnes, alors c’est à ces personnes elles-mêmes de définir l’échelle des offenses. Et là, il n’y a pas photo entre Zemmour et Charlie Hebdo. Le premier n’est qu’un adversaire, les seconds sont des blasphémateurs. La première préoccupation d’un gouvernement de gauche soucieux de lutter contre « l’islamophobie » devrait donc être de censurer des publications telles que Charlie Hebdo. C’est très embêtant, parce que ça entre en contradiction avec les principes de la « République ». A savoir la liberté d’expression des journalistes de Charlie Hebdo. Pas celle d’Eric Zemmour, dont on sait ce qu’elle vaut. A ce stade, nos malades mentaux s’en tirent par une pirouette : Zemmour est « raciste », ou du moins soupçonné tel. Charlie Hebdo, ce sont juste des satiristes qui s’attaquent aux religions – et la satire, c’est sacré, mais parler sérieusement des vrais problèmes, ça peut vous conduire en prison. Attaquer les gens en fonction de leur race, c’est mal, bien qu’on se demande comment c’est possible vu que les races n’existent pas. Attaquer les religions, c’est bien, car les religions sont « infâmes », c’est Voltaire qui l’a dit. Sauf que le Coran, prêché tous les vendredis dans des milliers de mosquées en France, il appelle ça un blasphème. Et donc le musulman ne comprend pas comment des hommes politiques puissent les assurer de leur soutien et célébrer avec eux la fin du Ramadan sans s’en prendre à Charlie Hebdo. Et ils sont dubitatifs quand on leur explique que c’est à cause de la liberté d’expression, alors qu’on vient d’interdire un spectacle de Dieudonné M’Bala M’Bala et que des organisations satellites du pouvoir traduisent Zemmour devant les tribunaux. Mais nos non-A n’en sont pas à une contradiction près. Ils font aussi des lois contre l’homophobie, tout en laissant en vente libre des ouvrages où il est imprimé noir sur blanc que la sodomie est punie de mort. Mais ça serait sans doute islamophobe d’appliquer la loi et d’interdire ces ouvrages, alors que ce n’est pas islamophobe d’appliquer la loi et de ne pas censurer Charlie Hebdo. Bref, on s’y perd, et on comprend que certains règlent ça à la Kalachnikov. La Kalach ne ment pas, elle obéit au principe de non-contradiction. Soit on est mort, soit on est vivant. Soit le Prophète est vengé, soit il ne l’est pas.

Deuxième symptôme, la pensée magique. Sans doute une de ces idées chrétiennes devenues folles chères à Chesterton. C’est-à-dire une forme dégénérée de la prière. L’adage dit pourtant : « Aide toi, le Ciel t’aidera ». Là,  on ne s’aide pas. On arbore les calicots, on pleurniche, on fait des rassemblements à la bougie. On espère peut être attendrir nos bourreaux avec ces niaiseries. Ça serait tellement bien si ça pouvait marcher. Ca permettrait de continuer à avoir des flics en rollers parce que c’est plus sympa, de continuer à vider les prisons parce que « ça n’est pas une solution », de continuer à voter socialiste parce que ce sont eux les gentils, de continuer à fermer les yeux sur le mariage et les universités converties en filières d’immigration, de continuer à faire semblant de croire que les paroles de rap c’est une plaisanterie, comme le Coran, d’ailleurs – car la sodomie, la fornication punies de mort, ça ne peut être qu’un gag, n’est-ce pas ? Au pays du plug anal et des rencontres extra-conjugales en ligne ! Ce n’est pourtant pas compliqué : soyons gentils, et nos ennemis le deviendront. Par reconnaissance. Par mimétisme. Car sinon ce serait trop injuste, à la fin.

Troisième symptôme, la projection kantienne. Nos élites s’imaginent que la totalité de la planète aurait adopté les soi-disant « valeurs universelles » du siècle des Lumières, alors que ces valeurs sont apparues très récemment, en Occident uniquement, et ne pèsent pas lourd au regard du tragique de l’histoire. Ainsi, on s’imagine que des actes violents sont nécessairement motivés par quelque injustice, définie par rapport à ces valeurs. Les émeutiers à répétition de Vaux-en-Velin, Villiers-le-Bel et ailleurs sont forcément « discriminés ».  Les attentats du 11 septembre n’auraient pas eu lieu si la « souffrance du peuple palestinien » était mieux prise en compte. Et ainsi de suite. Comme si on ne tuait qu’en vertu d’une cause, comme si l’on avait besoin d’une rhétorique qui dit que cette cause est juste. Or il n’y a en face que la logique tribale à l’état brut, celle qui guide les comportements humains chaque fois que l’enjeu est vital. Car ce n’est pas au nom de « valeurs universelles » que la France a voulu arracher l’Alsace-Lorraine en 1914 au joug prussien – après tout, les alsaciens lorrains jouissaient grâce à Bismarck d’un excellent régime de sécurité sociale. C’était en vertu de l’éternel impératif territorial, celui qui poussait Ben Laden à tout faire pour expulser les dhimmis et autres roumis du moyen orient, le même qui explique pourquoi une démocratie multiethnique est condamnée à la guerre civile, aujourd’hui en Afrique et demain en Europe. Sur twitter, un intervenant s’interroge : « pourquoi eux ils ont le droit de diffuser des vidéos de décapitation, et nous pas le droit de caricaturer Mahomet ». C’est que, mon bon Monsieur, il n’y a pas de droit qui tienne. Il y a que Mahomet est le totem de la tribu, et le décapité n’appartient pas à la tribu. Le décapité est une non-personne, tout comme ces commerçants du centre de Perpignan dont on avait saccagé les commerces après que des gitans aient descendus des maghrébins. Pourquoi mettre les commerçants du centre ville dans le même sac que les gitans, s’interrogeait-on alors ? Parce que dans la logique « eux contre nous » du néotribalisme islamique, gitans et commerçants du centre, c’est la même chose : à savoir des roumis.

Personne ne s’est jamais battu pour la liberté d’expression. Celle-ci n’est qu’un luxe que peuvent se payer les sociétés affluentes et pacifiques, fondées sur un socle minimal de valeurs communes. Personne n’a jamais risqué sa vie pour défendre un luxe. Les vrais combats sont ceux qu’on mène pour ses cailloux, ses clochers et ses frères. Mais après quarante ans de soixante-huitardisme, le français moyen n’a plus ni cailloux, ni clochers, ni frères. On lui a appris qu’il venait de nulle part, qu’il n’allait nulle part, et que coincé dans sa bulle il n’avait rien de mieux à espérer que de « jouir sans entraves », accomplissant ainsi les prédictions de Nietzsche sur le dernier homme. Mais en face, il y a toujours des cailloux, des minarets et des frères, c’est-à-dire une tribu et un territoire, qu’ils peuvent étendre en en éjectant le dernier homme, qui ne veux pas compromettre ses petits plaisirs afin que ses descendants, qu’il n’a pas, ou pour lesquels il ne ressent aucune solidarité, en aient un, de territoire.

La projection kantienne brouille la compréhension de ce qui se passe et oblitère toute riposte. La grille de lecture dominante fondée sur les droits de l’homme et l’impératif catégorique est incapable de comprendre les attaques d’Albi, Dijon, etc. Elle les met naturellement sur le compte du déséquilibre mental – alors que nos prédécesseurs, face à des faits du même type au commencement de la guerre d’Algérie, savaient très bien à quoi s’en tenir. Et les gauchistes qui manifestent en l’honneur des victimes de Charlie Hebdo le font au nom de la « liberté d’expression » -- qu’ils ont été les premiers à détruire depuis leur prise du pouvoir intellectuel et médiatique – et pas au nom de la France qu’ils récusent. On peut donc parier que les prochains attentats seront à nouveau mis sur le compte de « déséquilibrés » isolés. On est encore loin de nommer l’offensive.

 

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